Au cours de son existence, chaque individu traverse plusieurs « vies » ou sphères d’expression, qui s’entrecroisent et parfois se superposent. Cette multiplicité se manifeste aussi bien dans la vie quotidienne que dans les pratiques BDSM , où l’intimité, le secret et l’affirmation de soi tiennent une place essentielle.
La sphère publique et le BDSM
La vie publique correspond à l’image que l’on expose au monde extérieur. C’est le domaine des normes sociales, où l’on adopte des comportements conformes aux attentes collectives. Dans cet espace, les pratiques BDSM sont le plus souvent dissimulées : il s’agit d’un terrain neutre, où l’on veille à ne pas révéler ce qui pourrait choquer ou surprendre. Ici, le conformisme domine, et l’expression de soi se trouve souvent bridée par la peur du jugement ou de l’exclusion.
La sphère privée et le BDSM
La vie privée, elle, désigne l’espace intime partagé avec des proches, des amis ou des partenaires de confiance. C’est dans cette sphère que l’on commence à révéler des facettes plus authentiques de sa personnalité, y compris certaines préférences ou pratiques BDSM. La vie privée autorise une plus grande liberté d’expression, à condition que la confiance et le respect mutuel soient présents. On y partage des expériences, des désirs ou des émotions que l’on n’oserait pas forcément dévoiler en public.
La sphère secrète et le BDSM
Enfin, la vie secrète englobe tout ce qui relève du caché, de l’inavoué ou de l’imaginaire. Cette dimension est souvent connue de soi seul, ou d’un cercle très restreint de personnes de confiance. Dans le contexte du BDSM, la vie secrète prend une importance particulière : elle abrite les désirs les plus profonds, les pratiques les plus intenses ou les fantasmes que l’on n’ose pas toujours partager, même avec ses proches, du fait de la stigmatisation persistante.
Au sein de cet univers, il existe différentes manières de vivre sa soumission, qui dépendent du degré d’acceptation et d’intégration de cette part de soi dans les diverses sphères de la vie. On peut distinguer trois grandes approches :
Vivre le BDSM principalement dans sa vie secrète :
Cela permet d’explorer ses désirs et fantasmes à l’abri des regards, dans une discrétion totale. Cette attitude traduit souvent une difficulté à assumer pleinement cette facette de soi, par crainte du jugement social ou familial. Le BDSM devient alors un jardin secret, un espace de liberté caché, mais aussi de vulnérabilité.
Intégrer le BDSM dans la sphère privée :
Ici, on franchit une étape supplémentaire. Les pratiques les plus intimes ou extrêmes restent réservées à la vie secrète, mais on ose évoquer son inclination dans le cercle privé. On assume son identité auprès de ses proches, on parle ouvertement de ses choix et de ses besoins, tout en maintenant une séparation nette avec la sphère publique. Cette acceptation de soi permet de vivre sa passion de façon plus épanouie et déculpabilisée.
Affirmer sa soumission dans toutes les sphères de vie :
Cette démarche, plus rare, transcende les frontières entre vie publique, privée et secrète. On affirme alors pleinement son identité, sans se soucier du regard d’autrui. Ici, le BDSM n’est ni un jeu ni un secret, mais une composante essentielle de l’identité, vécue sans compromis. Cette posture exige une grande force intérieure et une acceptation totale de soi, au-delà des normes et des jugements extérieurs